Fierfête – Nouvelle Lune

Combien de membres dans La Meute?

by on Sep.03, 2017, under Géneral, Politique

C’est après avoir passé plus d’un an à lire des islamophobes sur les réseaux sociaux que je me décide enfin à écrire quelque chose sur les militant-e-s racistes typiques qui grossissent les rangs de La Meute et d’autres nébuleuses du même genre. Xavier Camus, avec le soutien de beaucoup de monde, a déjà fait le travail de connecter pas mal de points.

Je n’ai pas d’étude chiffrée à présenter (tout compiler prendrait un temps considérable) mais je pense pouvoir donner quelques impressions assez nettes sur ce qui se passe dans la fachosphère québécoise. Commençons par tenter d’estimer les forces vives d’un de ces groupes-là.

Plus de 60 000 membres dans La Meute? Vraiment?

C’est la prétention des propagandistes de l’organisation. Ce nombre additionne en fait les membres du groupe Facebook public de La Meute (19 000 membres), accessible à tous et à toutes facilement, et les membres du groupe « secret » de La Meute (45 000 membres). Ça peut paraître beaucoup, mais rappelons que le Parti Libéral du Québec a 44 000 mentions « j’aime » et son équivalent fédéral 300 000. Quand les leaders de La Meute affirment qu’ils ont « plus de membres » que le Parti Libéral (qui sont 30 000), il faut prendre ça avec un grain de sel. Pour être membre du PLQ, il faut payer une cotisation – quoique très réduite – et avoir une carte de membre. On est loin du simple clic occasionnel. Recevoir autant de mentions « j’aime » ou d’abonnements, ce n’est d’ailleurs pas du tout un exploit pour une organisation politique : la CAQ a 45 000 « j’aime », Québec Solidaire 75 000 et le PQ 170 000. La différence est dans le mode d’inscription. On ne peut pas « aimer » la page de La Meute : il faut devenir « membre » d’un de ses groupes Facebook pour recevoir de ses nouvelles.

Évidemment, dans les « 60 000 » membres, il y a:

-des doublons (faux comptes);
-des membres inactifs-ives (la vaste majorité);
-des membres « observateurs/trices » qui ne partagent pas du tout les opinions de La Meute (Stéphane Berthomet, par exemple, a déjà été membre de La Meute);
-des membres « accidentel-le-s », qui acceptent les invitations à l’aveuglette (dont plusieurs personnalités qui ont été informées en privé et qui se sont immédiatement désabonnées);
-et finalement des doubles ou triples abonné-e-s (membres de La Meute publique, du « Wolf Pack » canadien, et membres du groupe secret)

Il y a un an, Éric Venne, l’ancien chef, affirmait qu’il y avait déjà « plus de 45 000 membres » au sein de La Meute. En mars 2016, c’était 35 000. La grande majorité des « membres » ont été accepté-e-s dans les premiers mois de l’existence du groupe, sans qu’aucune vérification ne soit faite, et avant que l’organisation ne bénéficie de la publicité qu’elle a aujourd’hui. On a pratiquement invité n’importe qui. Ami-e-s d’ami-e-s, personnalités publiques, politicien-ne-s… Richard Martineau a lui-même été ajouté « à son insu », malgré la parenté idéologique apparente.

Au cours des derniers mois, le groupe secret n’a pas connu autant de croissance qu’au départ : on filtre désormais un peu « mieux » les demandes. En date d’aujourd’hui, il y a 44 505 membres dans le groupe secret de La Meute. Et s’il y a stagnation (sans doute partiellement volontaire) du nombre de membres, ce n’est pas pour rien. Certains des fils les plus populaires recueillent plus de 300 commentaires. Or La Meute sait très bien que plusieurs dizaines de taupes les scrutent. La situation peut facilement devenir incontrôlable – elle l’est déjà pas mal, parce qu’empêcher tout ce monde-là de vomir des incitations à la haine, parfois même au génocide, c’est une tâche difficile.

La Meute pourrait supprimer tous ses membres inactifs-ives. Les posts les plus populaires recueillent presque toujours moins de 900 likes, et ça ne va pas en s’améliorant. Sous le despotisme d’Éric Venne, le rapport membres actifs-ives/inactifs-ives était vu comme un grave problème. Le chef de l’époque tonitruait couramment contre l’absence d’implication dans les rangs de La Meute. Le 12 juillet 2016, il affirmait même qu’il ne voulait « pas donner le go à un tel mouvement si je ne suis pas assuré d’avoir 5 000 personnes dans la rue à mes côtés ».

Mais avec le temps, la masse d’inactifs/ives est devenue la principale force de La Meute. Une sorte de « majorité silencieuse » qui consent en se taisant, un nombre immense qu’on peut brandir à bout de bras en hurlant « nous sommes le peuple ». Comme les membres de La Meute qui prennent la parole s’enfargent plus souvent qu’autrement dans leur propre barbe, le silence presque général a quelque chose de très commode. Ce n’est pas une stratégie particulièrement nouvelle: on se souvient que sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper, on préférait cacher certain-e-s des député-e-s les plus réactionnaires, pour ne pas nuire aux relations publiques.

Quel est leur véritable nombre?

Un-e geek en informatique ou un-e infiltré-e pourrait sans doute réussir à obtenir quelque chose de précis des données disponibles sur le web. Je ne suis ni l’un ni l’autre. Mais pas besoin d’avoir fait des années en stats pour comprendre que les données fournies par La Meute sont fantasques et gonflées. L’échec retentissant de la manifestation du 20 août dernier en est un excellent exemple. Les estimations de la taille réelle de la foule varient de 300 à 500 personnes. Les leaders de La Meute ont fourni des chiffres de loin supérieurs.  Dans tous les cas, on est loin du « 5 000 » privilégié par Éric Venne. Et ce n’est pas parce que les gens de La Meute n’ont pas fait de mob. Suite aux semaines de propagande, ils se sont d’ailleurs sentis « épuisés ». Et le contexte était favorable : l’arrivée de milliers de personnes sur la frontière canadienne, la controverse autour du cimetière musulman de Saint-Apollinaire et l’entière actualité des derniers mois auraient dû servir de tremplin à la mobilisation. Comme elle le fait toujours d’ailleurs : l’attentat mortel de Charlottesville a lui-même conduit à la mobilisation de plusieurs centaines de personnes à Montréal, quelques jours après l’évènement. Il est à noter, également, que la manifestation contre La Meute était plus massive que l’obscure parade qu’elle visait à dénoncer.

L’hypocrisie des leaders de La Meute est foudroyante. Les membres du groupe public ne peuvent pas commenter sur la page et n’ont accès à aucun privilège. On leur dit pratiquement, en pleine face, qu’illes ne sont pas de vrai-e-s membres de La Meute. Mais on les compte dans le nombre total de « membres », quand il est temps de se présenter aux journalistes comme une organisation crédible. Un utilisateur de Twitter, @LetroupeauQC, faisait remarquer récemment que si on additionnait seulement les membres des clans régionaux, on arrivait à un nombre total de 4000 membres environ, dont plusieurs sont entretemps devenu-e-s inactifs/ives. Où sont les 56 000 autres? Malgré les incitations répétées à s’inscrire dans ces sous-groupes, il est difficile pour La Meute de faire bouger ses membres, même sur Internet.

Ce qui est certain, c’est que le coeur de La Meute, qui est actif soit dans la vie matérielle, soit sur les réseaux sociaux, ce n’est pas « le peuple », ce n’est pas « 60 000 » membres, mais c’est tout de même plusieurs centaines d’individus qui s’y impliquent, et/ou qui s’impliquent dans d’autres organisations. Nous aurons peut-être l’occasion de s’intéresser à elleux bientôt.

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